Synopsis
Le roman est une saga qui raconte l’apogée et le déclin d’une famille grecque établie à Smyrne puis au Caire, entre 1822 et 1952.
En toile de fond, une succession d’évènements qui affecteront à jamais cette région de la Méditerranée Orientale : agonie de l’empire Ottoman, génocides arméniens et conflits ethniques, la Grande Guerre, réveil des nationalismes turcs et égyptiens, lutte contre le colonialisme et émergence des Frères musulmans.
Véritable plaidoyer du vivre-ensemble que symbolise Smyrne, le récit est un hymne à l’amitié indéfectible qui lie des hommes venus d’horizons différents.
Il dépeint les ambitions, les rivalités, les drames amoureux, les trahisons de personnages fictifs et réels, et met particulièrement en exergue l’Exil, réelle tragédie dont souffrirent les minorités ethniques ballotées d’une région à l’autre, face à la realpolitik et l’indifférence générale.
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Extrait
Un pianiste suivait les images et synchronisait son tempo en fonction des scènes projetées. Le public l’accompagnait en claquant des mains. Une ambiance bon enfant régnait, ponctuée de sifflements enthousiastes et d’éclats de rire, mais les mouchoirs étaient de mise lors d’une scène triste.
Quand Smyrne apparut sur l’écran, les spectateurs restèrent cois. Leur ville était à l’honneur. Les scènes, tournées par les frères Lumière déferlèrent : l’effervescence du port, le mouvement des bateaux, les promeneurs longeant le Cordon, la façade de l’Apollonia, la fébrilité du bazar, les mosquées, les églises, les terrasses de cafés et les vitrines de la rue Franque.
Le pianiste cessa de jouer. L’auditoire était littéralement hypnotisé par le spectacle. Hormis le ronronnement de la machine, un silence religieux régnait. On aurait entendu une mouche voler. À la fin de la représentation, le public applaudit à tout rompre.
Le cinéma opérait toute sa magie. Le temps d’une séance, le spectacle transcendait les barrières sociales, et captait l’imaginaire d’un public varié qui en redemandait. Entré dans les mœurs smyrniotes, il devint rapidement l’incontournable divertissement, accessible à tous.
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Karim TABET 