Les mûriers de la tourmente

Synopsis  

Livre-Les mûriers de la tourmente-Karim Tabet

   Roman historique qui met en scène les ouvriers de la soie (Canuts), et une famille de sériciculteurs du Mont Liban dont le fils aîné, Boulos, est apprenti dans un atelier de tissage lyonnais. 

   Avec les souffrances, les ambitions démesurées, les trahisons et les crimes, mais aussi l’amour, l’idéalisme et la loyauté en toile de fond, le récit mêlant fiction et réalité raconte l’histoire de Boulos et de sa famille, relate les intrigues politiques et les bouleversements militaires que connaît le Mont Liban, dépeint les conditions misérables des canuts et décrit les premières révoltes ouvrières de France (1831 & 1834). 

   Des personnages hauts en couleur retracent une époque qui s’étale sur plusieurs générations. Boulos le jeune apprenti en quête d’amour, Geryos l’infatigable paysan fermement attaché à sa terre, Jean-Jacques l’irascible opportuniste, Rosalie la marionnettiste vive et engagée, Francesco l’architecte passionné d’art, Augustin le chef d’atelier idéaliste, Adolphe Thiers le fougueux va-t-en guerre, l’ambitieux khédive Mohammed Ali, le légendaire émir Béchir II gouverneur de la montagne et bien d’autres. Très vite, le cynisme des grandes puissances ruinera les rêves d’autonomie du Mont Liban, alors que la condition désastreuse des canuts perdurera… 

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Extrait 

   J’ai vu ce que la pauvreté signifie et la déchéance qu’elle engendre. J’ai vu la misère effroyable et impitoyable dans laquelle sombrent des êtres humains, rongés par la faim, traqués par la maladie et minés par le désespoir. J’ai vu ces malheureux travailler sans relâche de l’aurore à la tombée du jour, courbés sur leurs métiers. J’ai vu leur teint pâle, leurs membres affaiblis, leur regard triste. J’ai vu des familles entassées dans des soupentes où l’on respire à peine. J’ai vu des enfants en haillons, traîner pieds nus dans des ruelles sombres ou assis sur des marches d’escaliers rongés par l’humidité. J’ai vu des mioches qui mendient et sont repoussés par des fabricants insensibles à leurs souffrances. J’ai vu la détresse dans les yeux de jeunes femmes aux allures de vieillards.  J’ai vu que le progrès ne les avait pas touchées et qu’elles étaient laissées pour compte. J’ai vu la misère humaine et j’ai eu honte. Honte de ne pouvoir rien faire pour changer leur sort. Honte du confort dont je jouis et du toit qui me protège. Honte de cette infamie causée par d’autres hommes. J’ai vu le malheur des gens. 

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